12 septembre 2016

The China Experience – 32/ The Lijiang Experience (Pt. 21)

Premier voyage en Chine, septembre-novembre 2002.

Décollage ici.
Expérience précédente : The Lijiang Experience (Pt. 20).


07 octobre 2002 – 02 novembre 2002 : The Lijiang Experience, Lijiang (Yunnan).

Vingt-et-unième jour. Je commence ma journée au Photo Café, d'où j'envoie un email collectif contant l'histoire de Xiaohe et de la brosse à dents. Ne perdez pas le fil car cet email aura une importance capitale pour la suite. Ensuite, je glisse du Mishi Mishi au Sakura Café. Là, je réfléchis à la phrase de Zoé Oldenbourg, « seul celui qui ne se protège pas est fort », et d'une manière plus générale à mon rapport aux agressions du monde, aux stratégies que l'on puis trouver pour s'en protéger. Je suis d'accord avec Zoé, ainsi qu'avec mon amie Caroline eRre, qui me parlait quelques mois plus tôt d'un livre nommé Éloge de la fuite. Mais n'y a-t-il pas un compromis à trouver entre l'armure et la fuite ? Je trouve ma réponse en composant Invisible, intangible sur un instru de DaBoostemp. En farfouillant dans un autre café, je dégote un recueil du poète beatnick Allen Ginsberg. La poésie de Ginsberg est une véritable révélation, qui influencera considérablement mes futurs écrits. J'en traduis maladroitement quelques passages :
« Ce ragot est un document excentrique, destiné à se perdre dans une bibliothèque, et à être redécouvert lorsque descendront les colombes. »
« J'écris de la poésie parce que je veux être seul et parler aux gens. »
« J'écris toujours de la poésie ''première pensée, meilleure pensée''. »

Comme un parfait synchronisme, je rencontre Iris. C'est une grande, belle Chinoise, aux longs cheveux noirs et au regard profond. Elle a exactement dix ans de plus que moi et je ne sais plus comment nous en venons à parler. L'écriture nous réunit : Iris est venue à Lijiang pour terminer son premier roman. La France est un autre point commun : Iris s'y est exilée depuis plusieurs années, a épousé un Français dont elle a une petite fille. Elle en Chine pour six mois, en compagnie de sa fille. Celle-ci est restée chez ses grand-parents à Shenzhen, de sorte qu'Iris puisse venir se recueillir ici. Nous échangeons longuement, nous donnons rendez-vous le lendemain pour poursuivre. Il y a quelque chose qui la fascine dans mes yeux, et l'impression est réciproque. Ce n'est pas une attirance érotique, plutôt quelque chose de profondément intellectuel. Durant notre conversation, des agents de police viennent inspecter les lieux et je frémis un peu : je suis un client « illégal » du dortoir. Il semble qu'ils gobent les bobards de Yanli, et on ne me demande rien.

Photo : Dr. Ma Pingke
À peine Iris est-elle partie que je reçois un mail incendiaire de ma princesse indienne. L'histoire du chien et de la brosse à dents l'a rendue folle de rage ! En gros – tenez-vous bien – madame est furieuse parce que, pendant que je m'amuse comme un petit fou en Chine, elle déprime à Lyon. Elle me crucifie sur cinquante lignes, affirmant que je suis responsable, de par mon absence, de sa dépression. Je reste bouche-bée ! Comment puis-je être responsable de son incapacité à être heureuse par et pour elle-même ? Je lui réponds d'une façon très sèche, parce que ce débordement s'ajoute à plusieurs autres, qui ne font pas partie de ce récit. Cette agression gratuite, alors que je traverse une expérience de sérénité totale en compagnie de gens pacifiques, me gonfle profondément. J'ai des mots assez durs et je clique sur « envoyer ». 

Alors, un nuage se profile à l'horizon de mon oasis, mais je n'en mesure pas encore la noirceur…


Prochaine expérience : The Lijiang Experience (Pt. 22).

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