11 septembre 2016

The China Experience – 31/ The Lijiang Experience (Pt. 20)

Premier voyage en Chine, septembre-novembre 2002.

Décollage ici.
Expérience précédente : The Lijiang Experience (Pt. 19).


07 octobre 2002 – 02 novembre 2002 : The Lijiang Experience, Lijiang (Yunnan).

Vingtième jour. Je me lève tôt afin d'aller récupérer au bureau de poste les trois-cent euros qui me permettront de terminer mon voyage. Je profite de la longue journée qui s'annonce pour me remettre à mes scénarios au Photo Café. Après cela, je tente ma chance dans un sombre café aux étagères emplies de livres. Là, je trouve un recueil de proverbes naxis. Ils sont transcrits dans l'écriture hiéroglyphique de la minorité, en chinois et en anglais. Je m'attends à découvrir quelque sagesse ancestrale, mais je tombe en lieu et place sur de la poésie surréaliste. Je m'empresse d'acheter le livre et de traduire en français les proverbes les plus hallucinants. Les voici tels quels, et comprenne qui pourra :
- Il est interdit de se moucher dans l'eau de la rivière.
- Les mille-pattes sucent le cerveau des serpents.
- Le ciel n'est pas haut et la terre n'est pas grande si l'on ne coupe pas l'autre fantôme.
- Une grenouille maudit le paradis.
- Réparez la porte du chien après que le léopard ait volé la chienne.
- Jette une pierre en l'air pour qu'elle te retombe sur la tête.
- Les jolies fleurs en papier ne peuvent attirer les abeilles.
- Il est inutile de se cacher sous le lit pendant un orage.
- Lorsque le tonnerre fait du bruit, la pluie est légère.
- Enviez la belle danse des papillons, après laquelle les libellules ne pourront que se pendre.
- Les gens me voient me promener, mais ils ignorent ce que je mange chez moi.
- J'ai tout ce qu'ont les autres et je peux faire tout ce dont ils sont incapables.
- Se rencontrer trois fois par jours est ennuyeux pour tout le monde !
- Occupe-toi de tes affaires et laisse-moi les miennes.
- Un râteau aiguisé est inutile pour couper la viande. Les ragots ne peuvent faire la loi.
Certains m'évoquent beaucoup ma mondaine vie lyonnaise, je vous laisse deviner lesquels.

Un peu effaré par ma trouvaille, je montre le livre à Ming Xia, qui me confirme que la traduction chinoise dit bien la même chose que la traduction anglaise. Je m'enquiers du sens des proverbes les plus obscurs, lui fait part de mon étonnement, mais Ming Xia trouve que tout cela se tient parfaitement. Ainsi, j'apprends (c'est déjà ça !) que « une grenouille maudit le paradis » signifie que les petites gens maudissent ce qui leur est supérieur, mais que leurs malédictions ne peuvent atteindre le haut paradis des sages. Dans la foulée, je fais part à Ming Xia et Yanli d'une autre découverte : j'ai lu qu'une insulte courante en Chine est « wangba dan », c'est-à-dire « œuf de tortue ». Les filles, pliées en deux, me confirment que oui, c'est une injure assez répandue. De là, je ne sais comment, j'en viens à leur décrire certaines scènes de Y-a-t'il un flic pour sauver Hollywood et Hot shots, de sorte à les maintenir dans leur hilarité. Le recueil de proverbes me fournit aussi une occasion de communiquer avec le cuisinier naxi du Prague Café, un jeune homme souriant. Ravi de me voir m'intéresser à sa langue natale, il m'explique la signification des hiéroglyphes.

Photo : Dr. Ma Pingke
Pour le reste, les leçons quotidiennes suivent leur cours. Yosuke, quant à lui, a les mêmes difficultés que moi à se décider à quitter Lijiang, lui aussi envoûté par la magie de ces tendres journées.

Par ailleurs, je commence à être plutôt copain avec les chiens du Prague Café, le grand Xiaoxiong (prononcer « Shaishiong ») et surtout le petit Xiaohe (prononcer « Shiaohé »), qui se livrent à d'interminables fausses bagarres. Il faut dire qu'il est difficile d'imaginer créature plus adorable que Xiaohe ! Noir et blanc, à peine plus gros qu'un chat, il a des allures de petit mogwai en peluche. Sa frimousse adorable et son regard attendrissant éveilleraient la sympathie des plus caninophobes ! Outre que nous nous amusons bien tous les deux, Xiaohe me fait une petite farce qui aura, nous le verrons, les conséquences les plus inattendues (et les plus dramatiques). Fort de la familiarité qui nous lie désormais, Xiaohe a pénétré dans ma chambre et piqué ma brosse à dents. Ce n'est que lorsqu'il la mâchonne avec flegme à mes pieds, dans le café, que je prends conscience de l'amusante exaction. N'ayant d'autre choix que de lui abandonner l'objet, je pars m'en acheter une autre…


Prochaine expérience : The Lijiang Experience (Pt. 20).

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